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Éthiopie : élections législatives en temps de guerre civile

Photo du rédacteur: Alexia BelzileAlexia Belzile

Des élections législatives et régionales ayant pour but de valider la légitimité du premier ministre Abiy Ahmed ont eu lieu dans plusieurs régions d’Éthiopie lundi le 21 juin dernier. Ces élections ont permis à une grande partie de la population du pays d’exprimer leur droit de vote, dans un contexte où l’Éthiopie est plongée dans une guerre civile avec le Tigré et est confrontée à une famine qui s’aggrave [1].


Élections

Abiy Ahmed a été désigné premier ministre d’Éthiopie en 2018 suite à des manifestations populaires contre la coalition du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF) dirigée par la Front populaire de libération du Tigré (TPLF) [2]. Au pouvoir entre 1991 et 2018, le EPRDF a été contesté par la population éthiopienne, car il aurait commis des « abus des droits humains, de la corruption » et causé « des inégalités » [2][3]. Ainsi, ces élections seraientles plus ouvertes de l’histoire du pays, car, pour la première fois, les électeurs ont le choix entre plusieurs partis politiques. Les résultats des élections devraient être disponibles au cours des prochains jours [1].


M. Abiy s’est vu attribué le prix Nobel de la paix en 2019, car il a, entre autres, mis de l’avant un agenda anti-corruption, « libéré des prisonniers politiques », « nommé davantage de femmes au cabinet et fait la paix avec l'Érythrée » [2] avec qui l’Éthiopie était en guerre de 1998 à 2000 [2]. Cependant, depuis novembre 2020, l’Éthiopie est impliquée dans une guerre civile contre le Tigré, une région située dans le Nord du pays, causant une violence politique et ethnique non négligeable. Notons également que les élections n’ont pas eu lieu dans l’ensemble du pays en raison de préoccupations sécuritaires découlant de la guerre civile avec le Tigré ou de difficultés logistiques [1]. Le scrutin n’a donc pas eu lieu dans la région du Tigré et aucune date n’a été préétablie pour sa tenue éventuelle. Des inquiétudes quant à l’intégrité des élections ont alors surgies [2].


Guerre civile

En novembre 2020, le TPLF a attaqué des « bases militaires » au Tigré appartenant au gouvernement fédéral sous prétexte « d’autodéfense » [2][3]. Abiy Ahmed a riposté en menant « une opération militaire dans son propre pays » [2] afin de renverser le TPLF et « [d’éliminer] Tigray’s former ruling party as a political force » [3][4]. Les élections étaient prévues pour août 2020, mais selon le gouvernement éthiopien, celles-ci ont dû être reportées « en raison de la pandémie de coronavirus puis de difficultés logistiques et sécuritaires » [1][2]. Suite à un report des élections sous motif de la crise sanitaire COVID-19, la tension a monté entre le gouvernement éthiopien et le TPLF, ce dernier déclarant que M. Abiy a tenté de prolonger son mandat électoral (expirant en septembre 2020) [2].


Depuis ces évènements, les forces défensives du Tigré combattent l’armée éthiopienne, les forces régionales d’Amhara et l’armée érythréenne, ces trois dernières voulant éloigner le TPLF du pouvoir. Une majorité des combats se déroulent au centre du Tigré [4]. Le gouvernement Éthiopien considère le TPLF comme étant une organisation terroriste. Plusieurs de ses membres « ont été arrêtés » [2], ont fui ou poursuivent la guérilla dans la région [2]. Cette guerre civile serait alors supportée par une majorité de la population éthiopienne à l’extérieur de la région du Tigré [4].


Famine et violation des droits humains

Les conditions de vie de la population tigréenne deviennent de plus en plus précaires : la famine sévit et les dangers causés par les conflits armées s’aggravent [4][5]. En conséquence, selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), il y aurait 350 000 personnes au Tigré souffrant de famine et 4,5 millions qui nécessitent une aide alimentaire [1][3]. Depuis novembre dernier, il y aurait plus de 60 000 refugiés tigréens qui auraient fui au Soudan, tandis que d’autres ont été déplacés à travers l’Éthiopie [3]. La Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet dénonce de « graves violations »[1] des droits humains au Tigré, tandis que le gouvernement Éthiopien nie ces accusations [1].


Sous une pression internationale, le gouvernement éthiopien a négocié un accord pour faciliter l’accès à l’aide humanitaire et a « promis que les troupes érythréennes se retireront » [4] du Tigré. Cependant, selon le International Crisis Group, il y a peu de chances des négociations menant à un accord de paix et à une réduction des hostilités ne surviennent de sitôt [4].




Sources :

[1] Perry, Nick et Marion Douet. 2021. «Les Éthiopiens mobilisés sur fond de famine au Tigré». La Presse, 21 juin 2021. https://www.lapresse.ca/international/afrique/2021-06-21/elections-legislatives/les-ethiopiens-mobilises-sur-fond-de-famine-au-tigre.php

[2] BBC News. 2021. «Elections 2021 en Ethiopie : ce qu'il faut savoir». BBC News, 18 juin 2021.


[3] Kirby, Jen. 2021. «“Dying by blood or by hunger”: The war in Ethiopia’s Tigray region, explained». Vox, 24 avril 2021. https://www.vox.com/22370629/ethiopia-tigray-eritrea-amhara-war-ethnic-cleansing


[4] International Crisis Group. 2021. «Ethiopia’s Tigray War: A Deadly, Dangerous Stalemate». International crisis group, 2 avril 2021. https://www.crisisgroup.org/africa/horn-africa/ethiopia/b171-ethiopias-tigray-war-deadly-dangerous-stalemate


[5] Human Rights Watch. 2021. «Ethiopia: Unlawful Shelling of Tigray Urban Areas». Human Rights Watch, 11 février 2021. https://www.hrw.org/news/2021/02/11/ethiopia-unlawful-shelling-tigray-urban-areas

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