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  • Photo du rédacteurMarine Sauron

Un coup d’État en préparation au Brésil ?

L’année prochaine auront lieu, au Brésil, les élections de la nouvelle présidence. Alors que le Brésil a dépassé en avril 2021 la barre des 4000 décès quotidiens liés à la crise sanitaire de la COVID 19, plusieurs éléments soupçonnent la venue d’un possible coup d’État de la part du président brésilien Jair Bolsonaro.

Un président nostalgique de la dictature

Le 31 mars 1964 marque au Brésil le coup d’État qui mènera à 21 ans de régime de dictature militaire. Cette époque, qui n’est pas si lointaine, continue de marquer l’histoire contemporaine brésilienne. Si pour beaucoup de Brésiliens la période dictatoriale est synonyme de souffrance, de violence et de torture, pour l’actuel président brésilien conservateur c’est tout le contraire. Ancien capitaine militaire, Jair Bolsonaro ne s’est jamais caché de sa nostalgie de la dictature dans ses discours : il considère que le coup d’État de 1964 « a sauvé le pays » (1) et a lui-même dit en 1999 que s'il devenait président, il fermerait le parlement et instaurerait un régime militaire : « Je commencerais le coup dès le premier jour […] Faisons cette dictature » (6).

Pourquoi penser qu’un coup d’État est en préparation ?

En plus d’être le pays le plus touché par la crise de la COVID 19, le Brésil vit actuellement une accumulation de crises économique, sanitaire, environnementale et institutionnelle. Les élections de 2022 prendront un tournant décisif pour ce pays, surtout depuis que l’ancien président de gauche très populaire Lula – l’opposant ou « ennemi juré » de Jair Bolsonaro (3) – a annoncé sa candidature aux présidentielles, après avoir séjourné en prison pour avoir reçu un pot-de-vin immobilier (3).

Outre le discours très controversé sur la dictature que tient Bolsonaro depuis le début de son mandat, un élément en particulier soulève les suspicions : la démission en mars 2021 des commandants de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air suite au licenciement du ministre de la défense. Ces événements marquent la plus grande crise entre le gouvernement exécutif brésilien et l’armée depuis les années 1970, une première dans l’histoire du Brésil : une crise difficile à prévoir puisque les militaires, qui représentent près de la moitié du budget gouvernemental et quelque 6 000 postes dans les administrations publiques de Brasília, semblaient être bien intégrés au pouvoir depuis l’arrivée de Bolsonaro – lui-même ancien militaire (5).

Alors comment expliquer ces démissions soudaines ? Selon le général Eduardo Barbosa, les généraux auraient démissionné à cause d’une question de remaniement des rangs suite au licenciement du ministre de la défense (6). Mais selon l’hebdomadaire brésilien de centre gauche « Istoé », les généraux auraient démissionné à cause de la menace démocratique que représente Bolsonaro qui tenterait d’instrumenter l’armée pour mettre en place un putsch lors des élections de 2022. D’après Edmar Fagundes de Almeida, professeur à l’Université du Brésil à Rio de Janeiro : « Les leaders des forces armées ne sont plus des généraux du régime militaire. Le régime militaire au Brésil a fini il y a 40 ans, ce sont des gens qui se sont développés dans leur carrière pendant le régime démocratique ». Ceci expliquerait cette opposition à l’emprise du président qui considère l’armée brésilienne comme « son armée » ce qui a le don d’alerter certains généraux (5) (6).

Le refus de reconnaitre les votes : une tendance ?

La non-reconnaissance des votes et mise en place d’un coup d’État suite aux élections de 2022 ne nous semble malheureusement pas si inimaginable, surtout depuis les élections américaines. Si l’élection d’un populiste de droite comme Donald Trump aux États-Unis en 2016, aura définitivement eu un impact sur la montée de la droite en Amérique latine, l’appel à une fraude électoral lors de sa non-réélection et l’évènement du capitole semblent aussi avoir ouvert la porte à une nouvelle tendance dans la pratique des élections latino-américaines comme ce fut déjà le cas au Pérou.


@Photo : Journal Veja


Documentaires conseillés :


COSTA, Petra. 2019. The Edge of Democracy [Une démocratie en danger]. Réalisé par Petra COSTA. Netflix.

SEVILLE, Cal. 2017. How to stage a coup. Réalisé par Cal SEVILLE. Netflix.

THE NEW YORK TIMES. 2021. How Trump Supporters Took the U.S. Capitol [Comment les partisans de Trump ont pris le Capitole des États-Unis]. Produit par Haley WILLIS : https://youtu.be/jWJVMoe7OY0


Sources :

(1) Almeida, Amanda, et Gustavo Maia. 2019. «Planalto divulga vídeo que exalta golpe militar de 1964 Movimento , que culminou com a derrubada do ex-presidente João Goulart e com o início de 21 anos de ditadura, completa 55 anos.» O Globo : https://oglobo.globo.com/brasil/planalto-divulga-video-que-exalta-golpe-militar-de-1964-23563896

(2) Estrada, Gaspard, et Nicolas Bourcier. 2021. «Le naufrage de l’opération anticorruption « Lava Jato » au Brésil.» Le Monde.

(3) Courrier international. 2021. «Brésil : de nouveau éligible, Lula va-t-il défier Bolsonaro à la présidentielle 2022 ?» : https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/rebondissement-bresil-de-nouveau-eligible-lula-va-t-il-defier-bolsonaro-la

(4) Gielow, Igor, Gustavo Uribe, et Vinicius SASSINE. 2021. «Atrito com Bolsonaro derruba comandantes das Forças Armadas, na maior crise militar desde 1977.» Folha de São Paulo : https://www1.folha.uol.com.br/poder/2021/03/comandantes-das-forcas-armadas-pedem-demissao-em-protesto-contra-bolsonaro.shtml

(5) Meyerfeld, Bruno. 2021. «Au Brésil, Jair Bolsonaro fait une « démonstration de force » en poussant les chefs de l’armée à démissionner.» Le Monde : https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/31/en-poussant-les-chefs-de-l-armee-a-demissionner-bolsonaro-a-voulu-faire-une-demonstration-de-force_6075097_3210.html

(6) Le Prince, Jean-Michel. 2021. «Le président brésilien Jair Bolsonaro et la tentation du coup d'État.» Radio Canada : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1802246/bresil-jair-bolsonaro-coup-etat-armee-defense-politique



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