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  • Photo du rédacteurNariman Asadi

Élections péruviennes, crise latino-américaine?

Alors que le Pérou n’arrive pas à sortir de la crise le secouant, le scrutin très serré semble résumer à lui-seul les maux du continent, entre corruption, autoritarisme et pauvreté.


Les résultats attendant toujours l’aval de l’autorité électorale (Jurado Nacional de Elecciones), le candidat Pedro Castillo du parti marxiste-léniniste Peru Libre s’est proclamé victorieux au second tour du scrutin présidentiel péruvien avec seulement 44 000 voix d’avance sur Keiko Fujimori. Dans un contexte de haute instabilité politique, le faible écart entre les candidats polarise d’autant plus que Fujimori, candidate d’extrême-droite et fille de l’ancien dictateur Alberto Fujimori, détenu pour assassinat extrajudiciaire, conteste plus de 200 000 votes (1).


Keiko Fujimori joue son avenir dans ce scrutin. Inquiétée dans le scandale Odebrecht ayant mené a de nombreuses condamnations de politiciens dans la région pour corruption, gagner les élections lui permettrait de jouir de l’immunité présidentielle alors qu’elle est accusée de blanchiment d’argent, crime organisé et obstruction à la justice (2).


Sur le long terme, la victoire de Castillo confirmerait une nouvelle tendance pour la région. La gauche semble reconquérir les capitales perdues aux cours des dernières années, comme le lamente le président brésilien Jair Bolsonaro. À l’annonce des résultats, il souligne que « Maintenant nous perdons le Pérou », après le faible score des candidats de droite lors de la formation de l’Assemblée constituante au Chili et la victoire du candidat de gauche en Argentine, Alberto Fernandez (3). Ce dernier a d’ailleurs uni sa voix aux ex-présidents de gauche Morales (Bolivie) et Lula da Silva (Brésil) pour féliciter Castillo (4).


La gauche au pouvoir, mais quelle gauche? Si beaucoup craignent l’importation du modèle vénézuélien ou cubain, le principal intéressé, qui a dû modérer son discours une fois le second tour atteint, serait plutôt inspiré de l’économie populaire ouverte sur le marché à la manière de Morales ou de Correa (ex-président de l’Équateur). À l’image de ceux-ci, il chercherait à réécrire la constitution pour cimenter les droits à l’éducation et la santé, donner un rôle régulateur à l’État, voir nationaliser certains secteurs clefs comme les hydrocarbures (5). L’élection de Castillo confirmerait-elle un deuxième virage à gauche pour la région ou marquerait-elle son enlisement dans les marasmes économiques et les tentations autoritaires?



@Photo : Sebastian Castaneda/Reuters


Sources :

(1) Tegel, S. 2021. « Who is Pedro Castillo, Peru’s presumed president-elect. » Aljazeera. 21 Juin. https://www.aljazeera.com/news/2021/6/18/who-is-pedro-castillo-perus-presumed-president-elect


(2) Fowks, J. 2021. «Un juez permite a Keiko Fujimori seguir en libertad vigilada.» El Pais. 22 Juin. https://elpais.com/internacional/2021-06-22/un-juez-permite-a-keiko-fujimori-seguir-en-libertad-vigilada.html


(3) Della Coletta, R et Caravalho, D. 2021. « 'Perdemos agora o Peru', diz Bolsonaro sobre provável eleição de Castillo». Folha de Sao Paolo. 9 juin. https://www1.folha.uol.com.br/mundo/2021/06/perdemos-agora-o-peru-diz-bolsonaro-sobre-provavel-eleicao-de-castillo.shtml


(4) Toro, J. 2021. «Presidente de Argentina felicitó a Pedro Castillo por su "victoria" en las presidenciales». La República. 10 juin. https://www.larepublica.co/globoeconomia/presidente-de-argentina-felicito-a-pedro-castillo-por-su-victoria-en-las-presidenciales-3183582


(5) Lissandry, G. 2021. «Elecciones en Perú: Qué inspiración toma Pedro Castillo de Evo Morales, Rafael Correa y otros líderes de izquierda de América Latina». BBC Mundo. 16 Juin. https://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-57450555

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